フランス文学と詩の世界
Poesie Francaise traduite vers le Japonais
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 ロベール・デスノスの声(La Voix de Robert Desnos):ロベール・デスノス


ロベール・デスノスの詩集「Les tenebres(1927)」から「ロベール・デスノスの声(La Voix de Robert Desnos)」(壺齋散人訳)

  花のようで 風のようで
  水の流れ 移ろう影
  夕暮れ時の微笑み
  あらゆる美や悲しみに似たもの
  それは真夜中のトルソー
  鐘楼やポプラの木よりも高く歩む

  野原に消えたものに僕は呼びかける
  古い遺骸 切り倒された樫の木
  地面で腐っていくぼろきれや
  畑の周りで乾いていくリネンに呼びかける

  竜巻やハリケーンに僕は呼びかける
  テンペスト タイフーン サイクロン
  津波や
  地震に呼びかける

  火山の煙やタバコの煙に僕は呼びかける
  葉巻の煙の輪に呼びかける
  恋人たちに呼びかける
  生きているものと死者たちに呼びかける
  墓堀人夫や殺人者に呼びかける
  死刑執行者 パイロット レンガ工
  建築家
  殺人者
  肉体に僕は呼びかける

  愛する人に呼びかける
  愛する人に呼びかける
  愛する人に呼びかける

  真夜中が勝ち誇ってサテンの翼を広げ
  僕のベッドに横たわる
  鐘楼とポプラが僕の前でひざまずく
  鐘楼はくずれ ポプラは倒れる

  野原でなくなったものが僕のところへ戻ってきた
  古い遺骸が僕の声でよみがえった
  切り倒された樫の木が緑に覆われた
  ぼろきれの腐っていた地面が僕の声にこたえて叫ぶ
  反逆者の旗のように
  畑の周りで乾いていたリネンを感嘆すべき女が着る
  その女を僕は愛さないけれど 僕のところに擦り寄ってくるんだ

  竜巻が僕の口の中で渦巻き
  ハリケーンが僕の唇を可能な限り赤らめ
  テンペストが僕の足元でうなり
  タイフーンが可能な限り僕を描き
  サイクロンの狂おしい接吻を僕は受ける
  津波は僕の足元で静まり
  地震はもはや揺れることなく僕の命に従う

  火山の煙が蒸気で僕を包み
  タバコの煙が僕をくゆらし
  煙の輪が僕の頭の冠になり
  恋人たちは安らぎを求めて僕を追いかけ
  愛するものたちは僕の声に耳傾け
  生者と死者が僕に向かって挨拶をする
  生者は冷たく 死者は暖かく
  墓堀人夫は掘ったばかりの墓を離れ
  この先は僕の命に従うと宣言する

  殺人者は僕に挨拶し
  死刑執行人は革命を求め
  僕の声を求め
  僕の名前を求め
  パイロットたちは僕の目を見て進路をとり
  石工たちはうっとりとして僕の声を聞き
  殺人者は僕を祝福し
  肉体は僕に呼ばれて震える

  僕が愛するものは僕の声を聞かない
  僕が愛するものは僕のいうことを聞かない
  僕が愛するものは僕に答えない






La Voix de Robert Desnos
dans Les Tenebres

  Si semblable a la fleur et au courant d'air
  au cours d'eau aux ombres passageres
  au sourire entrevu ce fameux soir a minuit
  si semblable a tout au bonheur et a la tristesse
  c'est le minuit passe dressant son torse nu
  au dessus des beffrois et des peupliers

  j'appelle a moi ceux-la perdus dans les campagnes
  les vieux cadavres les jeunes chenes coupes
  les lambeaux d'etoffe pourissant sur la terre et le linge
  sechant aux alentours des fermes

  j'appelle a moi les tornades et les ouragans
  les tempetes les typhons les cyclones
  les raz de maree
  les tremblements de terre

  j'appelle a moi la fumee des volcans et celle des cigarettes
  les ronds de fumee des cigarres de luxe
  j'appelle a moi les amours et les amoureux
  j'appelle a moi les vivants et les morts
  j'appelle les fossoyeurs j'appelle les assassins
  j'appelle les bourreaux j'appelle les pilotes les macons et
  les architectes
  les assassins
  j'appelle la chair

  j'appelle celle que j'aime
  j'appelle celle que j'aime
  j'appelle celle que j'aime

  le minuit triomphant deploue ses ailes de satin
  et se pose sur mon lit
  les beffois et les peupliers se plient a mon desir
  ceux-la s'eroulent ceux-la s'affaissent

  les perdus dans la campagne se retrouvent en me trouvant
  les vieux cadavres ressuscitent a ma voix
  les jeunes chenes coupes se couvrent de verdure
  les lambeaux d'etoffe pourissent dans la terre et sur la terre
   claquent a ma voix comme l'etendard de la revolte
   le linge sechant aux alentours des fermes habille d'adorables femmes
  que je n'adore pas qui viennent a moi obeissent a ma voix et m'adorent

  les tornades tournent dans ma bouche
  les ouragans rougissent s'il est possible mes levres
  les tempetes grondent a mes pieds
  les typhons s'il est possible me depeignent
  je recois les baisers d'ivresse des cyclones
  les raz de marree viennent mourir a mes pieds
  les tremblements de terre ne m'ebranlent pas
  mais font tout crouler a mon ordre

  la fumee des volcans me vet de ses vapeurs
  et celle des cigarettes me parfume
  et les ronds de fumee des cigares me couronnent
  les amours et l'amour si longtemps poursuivis se refugient en moi
  les amoureux ecoutent ma voix
  les vivants et les morts se soumettent et me saluent
   les premiers froidement les seconds familierement
  les fossoyeurs abandonnent les tombes a peine creusees
   et declarent que moi seul puis commander leurs noctures travaux

  les assassins me saluent
  les bourreaux invoquent la revolution
  invoquent ma voix
  invoquent mon nom
  les pilotes se guident sur mes yeux
  les macons ont le vertige en m'ecoutant
  les assassins me benissent
  la chair palpite a mon appel

  celle que j'aime ne m'ecoute pas
  celle que j'aime ne m'entend pas
  celle que j'aime ne me repond pas

  14 decembre 1926



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